Remise de l’insigne de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à François Philippoteaux au Rectorat de Reims le 3 octobre 2014


Extrait de la réponse de François Philippoteaux au Recteur de l’académie de Reims Philippe-Pierre Cabourdin, chancelier des universités et à Patrick Demouy, Professeur des universités.

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Après avoir pris grand soin de débusquer les perles idoines pour me succéder dans mes fonctions associatives, j’ai choisi de propos délibéré et sans doute avec pertinence, de mettre un terme à certaines responsabilités malgré tout absorbantes, et notamment le 14 mai dernier à ne pas briguer un 4ème mandat à la présidence de l’association rémoise des membres de la Légion d’honneur, comité de Reims de la Société nationale des Membres de la Légion d’Honneur. Cette décision néanmoins affectera mon existence d’octogénaire avancé. Car ne plus initier et animer, ne plus PARAITRE à la tribune de réunions, dans les manifestations officielles, n’est-ce pas risquer de ne plus ETRE ? Ce questionnement me décide à vous donner aujourd’hui la primeur d’une réflexion très intime qui me taraude depuis une paire d’années et qui en passant expliquera la signification de l’ex-libris paru en logo autour du sanglier ardennais au regard du programme sur le carton d’invitation.

Au mépris du sacro-principe de précaution frileuse et réductrice, qui n’est pas franchement ma tasse de thé, et de façon non conventionnelle, je risque donc de me prendre les pieds dans le tapis en vous livrant une fort pédante et passablement nombriliste RUMINATION PATAESCHATOLOGIQUE TRANSCENDENTALE. Ca commence bien ! J’explique :


Pataeschatologique est un ingénieux et très évocateur néolinguisme de mon crû. Ses racines gréco-ubuesques proviennent selon Larousse de
1) Pataphysique, mot créé par le sublime et abscons Alfred Jarry pour désigner la "science du particulier" qui apporte des solutions imaginaires aux problèmes généraux (donc rien à voir avec patachou, pataquès, patapouf, patati et patata, … patatras !)
2) Eschatologie, ensemble héllénistique de doctrines et croyances portant sur le sort ultime de l’homme et de l’univers.

ETRE OU PARAITRE. Question de comportement aux accents vaguement shakespeariens. Mais heureusement, si je monologue en l’occurrence, je suis loin d’être un Hamlet. Ainsi comme illustration très prosaïque, je m’efforce par coquetterie à ne pas chausser de prothèse oculaire pour lire mes textes en public, où je suis aussi attentif à rentrer le ventre, à éviter de fourrer mon index gauche dans les fosses nasales ni de me curer les implants mis en place pour m’éviter de rester sans dents. Oh !

ETRE OU PARAITRE. Cela veut dire en bref : Soyez ce que vous voudriez avoir l’air d’être ou pour parler plus simplement, j’en appelle à Lewis Caroll qui fait dire à Alice dans ses Aventures au Pays des Merveilles : Ne vous imaginez pas être différent(e) de ce qu’il eut pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n’étiez avant d’être devenu(e) ce que vous êtes.Vous suivez ?

confer itou certaines pages de l’existentialisme sartrien et de cet ennuyeux pisse-vinaigre La Bruyère (ainsi par.9 des "Caractères de l’homme" : Ce qu’on appelle humeur est une chose trop négligée parmi les hommes. Ils devraient comprendre qu’il ne leur suffit pas d’être bons, mais qu’ils doivent encore paraître tels).

ETRE OU PARAITRE. J’ai personnellement choisi de PARAITRE.
Mais enfin, peut-on PARAITRE sans ETRE ?? Il s’agirait donc plutôt de PARAITRE - ETRE !

Car selon Conrad dans l’Agent Secret : En règle générale une réputation s’échafaude par le style autant que par les résultats.
Plus grave, …écoutons un Père de l’Eglise, écoutons Massillon : "Que de bassesses pour parvenir ! il faut paraître, non pas tel qu’on est, mais tel qu’on nous souhaite" (in Procès de Paul-Louis Courier)
Et encore : J’entre dans la vie avec la loi d’en sortir. Je viens faire mon personnage, je viens me montrer avec les autres, après il faut disparaître (Bossuet, Méditation sur la brièveté de la vie)
Mais surtout : vanitas vanitatum, et omnia vanitas (Ecclesiaste, Qohéleth 1,2)

Et pourquoi donc ? Pour NAITRE et in fine DISPARAITRE, … ou REPARAITRE selon une transmigration métempsychotique

En tous cas pour RENAITRE de ses cendres. Quand et comment ? Mystère entier !

Voilà en tous cas la sérieuse question qui me fait gamberger grave. Et si j’avais dupé entre autres Bernard de Nonancourt ? S’il se rendait compte, de là où il est et où j’espère avoir la chance de le rejoindre, ce qui n’est cependant pas d’une brûlante actualité, que je n’ai fait que PARAITRE dans ma longue carrière chez Laurent-Perrier ? Je commence réellement à redouter la confrontation.

Finalement, ETRE ou PARAITRE mieux que je ne SUIS, telle est MA question.

Je stoppe là ce casse-tête, car j’observe parmi vous plus d’un visage bouleversé, sans toutefois déterminer dans quel sens, et d’aucun qui s’interroge sur ma santé mentale. Si quelque curieux souhaitait cependant étudier mon texte plus avant, je peux le faire suivre par voie informatique sur simple demande.

Il me tarde enfin d’annoncer deux projets qui occuperont mes loisirs. Le premier étant de piloter la commission dite "Poincaré", créée en novembre 2009, après avoir célébré en toute hâte, mais avec un certain succès, le 90ème anniversaire de la remise de la croix de chevalier de la Légion d’honneur à la Ville de Reims et à sa Compagnie de Sapeurs-Pompiers par le Président Raymond Poincaré. Il s’agit donc maintenant de préparer la célébration du 100ème anniversaire qui aura lieu le 6 juillet 2019. Merci de sortir vos agendas et de noter cette date, car il conviendra d’accueillir les plus hautes autorités, dont, il faut l’espérer, le Président de la République en exercice, sur les traces de son illustre prédécesseur. Qu’on se le dise !

Voilà en tous cas pour le côté civique et prestige de l’Ordre de la Légion d’honneur. Sur le plan culturel, Il n’est pas impossible par ailleurs que nous soyons amenés à remettre en mémoire les œuvres de grands peintres d’histoire et orientalistes du XIX° d’origine sedanaise, j’ai nommé Félix et Paul Philippoteaux. Yasmina Boudhar, étudiante rémoise à l’Ecole du Louvre, leur a consacré son mémoire de fin d’études réussi avec mention fin 2009 et vient de commencer sa période doctorante sur ces artistes régionaux. Nul dans cette assemblée ne peut rester insensible à cette évocation.


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